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L'archipel

Entrevue filmée

Sylvain Cournoyer, capitaine du traversier « NM Lucien-L. »

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ENTREVUE
(6 minutes 46 secondes)

ENTREVUE DE SYLVAIN COURNOYER

Là, on se trouve à être dans le Port de Sorel et on effectue la traverse des automobiles et des camions entre Sorel-Tracy et Saint-Ignace-de-Loyola. Le traversier c'est le Lucien L. Il a été construit en 1967 dans les chantiers de Marine Industries. Pour conduire, piloter ce navire-là, il faut suivre des cours en navigation bien entendu. Il faut connaître la cartographie. Il faut connaître les règlements sur les abordages, ce qui se trouve à être les règles de route. C'est pareil comme en automobile, la conduite routière, la sécurité routière. C'est la même chose, mais c'est ce qu'on fait sur l'eau pour éviter les accidents et les abordages. Puis, depuis quelques mois, on demande des notions en stabilité. Les poids qu'on embarque à bord, comment est-ce que le navire va se comporter, comment est-ce que le navire va être submergé dans l'eau par rapport à tel poids qu'on va mettre. Moi, ça fait douze ans que je suis ici. J'ai commencé comme mon collègue qui est lieutenant, Stéphane. Et après quelques années, moi, j'avais déjà des brevets de capitaine et on m'a demandé de faire du remplacement comme capitaine. Puis, depuis 2005, je peux dire que je travaille comme capitaine à l'année parce que j'ai gagné de l'ancienneté. Pour parvenir à faire ce que je fais, il y a deux chemins. Soit qu'on peut aller au Cégep et c'est à l'éducation régulière. C'est une technique, une technique maritime qui se donne au Cégep de Rimouski. Mais moi, vu que j'avais déjà un diplôme d'études collégiales, je ne suis pas allé au cégep de Rimouski. Je l'ai fait mon brevet à l'éducation permanente. Moi, je suis allé dans une école de Québec pour faire les règlements sur les abordages. Puis, ensuite de ça, mes deux autres cours, la stabilité et la cartographie, je les ai faits au Cégep André Laurendeau à ville Lasalle. Parce que l'Institut maritime du Québec, à ce moment-là, avait une école à ville Lasalle. Maintenant, il n'y en a plus, c'est uniquement au Cégep de Rimouski ou au privé, quelqu'un que vous connaissez qui a des notions comme moi, la Société des traversiers, quand ils veulent former un officier, ils font appel à moi. Là, je mets le chapeau de professeur.

Il y a de quoi aussi de très important, c'est qu'il faut connaître les instruments. C'est que ce cours-là, après, c'est la navigation par visibilité réduite, la navigation aux instruments. Parce que ce matin justement, on a traversé pendant trois heures, on ne voyait pas le mât en avant. Alors, il faut connaître nos instruments. Moi, j'ai fait le cours de huit semaines à Québec avec des simulateurs radars. Ils m'ont mis en situation. Ça dure un avant-midi. Ce sont des gens de Transport Canada qui t'évaluent et qui te donnent ton brevet, ton attestation de navigation aux instruments et que tu peux naviguer par visibilité réduite.

Quand j'ai eu mon brevet, en 1994, je pouvais être lieutenant sur n'importe quel navire et n'importe où dans le monde. J'aurais pu être sur un 300 000 tonnes. J'aurais pu le diriger et l'emmener en Australie ou en Amérique du Sud, tandis que ceux qui vont au cours de radar d'instruments restreints, ils restent dans un secteur plus abrité, dans des eaux plus abritées comme, ici, à Sorel-Tracy/Saint-Ignace. On est prêt de la côte.

Depuis que je suis ici, depuis 12 ans, je n'ai pas manqué une traverse à cause de la glace. Mais, souvent dans des conditions sévères de glace, on prend beaucoup de retard sur les horaires de traverse parce que notre problème à Sorel-Tracy/Saint-Ignace c'est que, où on arrive à Sorel, dans le bassin Lanctôt à Sorel, c'est un bassin. On ne peut pas envoyer la glace où on veut quand le bassin est plein de glace. Parce que si le vent vient du nord, la glace qui descend sur le fleuve, quand elle arrive devant le bassin Lanctôt à Sorel-Tracy, la glace rentre en-dedans et elle ne sort plus de là. À un moment donné, la glace devient tellement dense et il y en a tellement qu'on ne peut pas la tasser. Ça retarde beaucoup les traversées parce qu'il faut « zigoner », comme on dit, avec les moteurs et venir à bout de se faire un petit coin pour atteindre le quai parce que la priorité, c'est la sécurité. Il faut que le navire soit bien attaché et il faut que la passerelle soit bien descendue sur le navire avant de débarquer les gens.

Il y a moi qui est breveté. Il y a mon collègue. Nous, on est des officiers de navigation. Nous, notre formation, c'est de conduire le navire, de le diriger. Dans la salle des machines, il y a un officier, mais lui, c'est un officier de mécanique. Lui aussi, il est allé à Rimouski aux adultes. Mais au lieu d'apprendre des notions comme on a appris en navigation stricte, lui, c'est de la mécanique. Il connaît tout à bord du navire : électricité, hydraulique, pneumatique, la structure, les pompes. Ça n'a pas de secret pour lui. Nous, on l'emmène au quai et c'est lui le mécanicien qui nous propulse et qui nous emmène là. On ne peut pas se passer de lui. Mais, ça prend un responsable. Il ne peut pas y avoir deux responsables. Alors, c'est le capitaine qui est responsable.

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