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Musée virtuel du Canada
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Le lac Saint-Pierre

Philippe Brodeur, biologiste

La Commune de Baie-du-Febvre est un vaste territoire d'une superficie de 326 hectares situé dans la plaine inondable au sud du lac Saint-Pierre. Ses nombreux marais, prairies humides et marécages, soumis aux inondations printanières, offrent d'excellents habitats pour l'alimentation et la reproduction des canards, des poissons, des amphibiens et du rat musqué. Afin d'améliorer la productivité faunique de ce territoire, particulièrement pour les poissons en période de fraye et d'alevinage, une partie des terres de la Commune de Baie-du-Febvre ont été aménagées en 1992 par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (aujourd'hui ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs) et Canards Illimités. Le segment 1 de l'aménagement est un marais permanent d'une superficie de 38 hectares. Les canards barboteurs le fréquentent comme halte migratoire et lors de la formation des couples, la nidification ainsi que l'élevage de leurs canetons. Les segments 2 et 3 comportent des fossés piscicoles bordés par un couvert végétal utilisé par les canards pour la nidification.

Un homme debout devant un panneau d'information montrant une vue aérienne du site.
Philippe Brodeur, biologiste au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, devant le panneau d'information montrant le plan d'ensemble du site aménagé de la Commune de Baie-du-Febvre.

Pour en savoir plus: Restauration des milieux humides de la Commune de Baie-du-Febvre

Avec le temps, les aménagements de la Commune de Baie-du-Febvre se sont détériorés. L'accumulation de sédiments et l'envahissement du milieu par des plantes émergentes ont bloqué les fossés piscicoles, créant ainsi une barrière empêchant les poissons de retourner au lac Saint-Pierre à la suite de la décrue. Entre 2008 et 2011, des travaux importants de restauration de ces aménagements, sur une superficie de 20 hectares, ont donc été entrepris. Les fossés piscicoles ont été entretenus, des structures de contrôle du niveau de l'eau ont été ajoutées et des étangs ont été aménagés.

Un homme se tenant debout sur la berge d'une petite rivière.
Philippe Brodeur, biologiste au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, devant la rivière Colbert

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Cette structure en métal, submergée lors des crues printanières, permet de contrôler le niveau de l'eau dans l'aménagement faunique de la Commune de Baie-du-Febvre lorsque l'eau se retire, prolongeant ainsi la durée d'utilisation de ces habitats par la faune. Elle compense ainsi localement l'impact de la baisse du niveau de l'eau du Saint-Laurent.

Structure en métal servant au contrôle du niveau de l'eau

En 2009, des travaux d'aménagement ont été effectués au ruisseau Travers de la Commune. Ce ruisseau longe la limite sud du territoire de la Commune de Baie-du-Febvre. La rive nord de ce ruisseau comporte un talus herbacé et arbustif qui maintient le sol en place. D'ailleurs, il n'y a pas de travaux agricoles à cet endroit. Par contre, la grande culture, principalement du maïs et du soya, pratiquée sur les terres au sud de ce ruisseau et l'absence de bande riveraine avaient favorisé l'apport de sédiments au cours d'eau, nuisant ainsi à la qualité de l'eau et à la libre circulation des poissons. Pour remédier à ce problème, les embouchures des 28 fossés agricoles se déversant dans le ruisseau ont été nettoyées et aménagées. Les sédiments accumulés ont été retirés. Afin de stabiliser les berges, une strate herbacée et arbustive a été implantée lors des travaux. Cette végétation permet de maintenir le sol en place et offre un substrat idéal pour la reproduction des poissons.

Un homme accroupi dans l'herbe au bord d'un ruisseau
Philippe Brodeur, biologiste au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, sur la rive nord du ruisseau Travers de la Commune

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Afin de stabiliser les berges du ruisseau Travers de la Commune, 8 200 arbustes (cornouillers stolonifères et saules de l'intérieur) et 2 800 arbres (érables argentés et frênes de Pennsylvanie) ont été plantés. Le choix de ces espèces a été fait en fonction de leur capacité à résister à de longues périodes d'inondation. Au sud du ruisseau, des ententes de conservation ont été signées avec certains producteurs agricoles qui ont accepté que des bandes de protection élargies atteignant jusqu'à 100 mètres de largeur soient aménagées sur leurs terres, dans les secteurs les plus affectés par les inondations printanières. Ainsi, deux propriétaires ont cédé l'usage de 27 475 mètres carrés de leurs terres pour des aménagements fauniques. Cela représente une belle collaboration entre les milieux agricole et faunique.

À la base des arbustes et des arbres de cette plantation, des paillis (amas plus foncés à gauche sur la photo) biodégradables ont été installés afin d'empêcher que la végétation étouffe les jeunes plants. Les troncs de ces derniers ont également été badigeonnés de répulsif et recouverts de protecteurs pour éviter qu'ils se fassent manger par les mammifères.

Les fossés agricoles ont également été reprofilés en leur donnant une pente plus douce et en créant des élargissements de façon à créer des étangs qui sont fortement utilisés par les canards et les poissons

Ruisseau Travers de la Commune et élargissement effectué dans un fossé agricole
Cette photo, prise à partir de la rive nord du ruisseau Travers de la Commune, montre les terres agricoles labourées ainsi que les bandes riveraines élargies qui sont sous entente. On y voit des arbustes et des arbres qui ont été implantés dans ces bandes riveraines. On observe également un étang aménagé à même un fossé agricole.

Depuis les années 1950, les pratiques agricoles ont été intensifiées dans la plaine du lac Saint-Pierre. On a remplacé la récolte de foin et les pâturages par la culture du maïs et du soya. Ce changement a grandement modifié les habitats fauniques qui représentaient un lieu important pour la fraye, l'alevinage et l'alimentation.

En 1981, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec désirait endiguer les terres inondables de Baie-du-Febvre et de Nicolet afin d'améliorer les rendements agricoles. Des groupes environnementaux s'y sont opposés. En 1988, une entente est intervenue entre des agriculteurs et la Société d'Aménagement Récréatif pour la Conservation de l'Environnement du Lac Saint-Pierre (SARCEL). Grâce à l'aide financière du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (PNAGS), SARCEL a pu acheter 500 hectares de terrain. Le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs ainsi que Canards Illimités ont par la suite aménagé une certaine portion du territoire pour rétablir la qualité des habitats pour l'ichtyofaune et la sauvagine.

Le complexe d'aménagement de Baie-du-Febvre/Nicolet sud comporte aujourd'hui des marais permanents (segments 3 et 8), des habitats naturels pour les poissons (segments 5, 7 et 9) et des haltes migratoires pour la sauvagine (segments 2, 4, 6 et 10) qui sont également utilisés pour l'agriculture. Le segment 1 est à vocation exclusivement agricole. Les marais permanents sont utilisés lors de la migration, la reproduction et l'élevage des couvées de sauvagine. Pendant la crue printanière, le marais du segment 8 sert également d'habitat pour la fraye de plusieurs espèces de poissons, particulièrement de la perchaude et du grand brochet.

Le biologiste Philippe Brodeur appuyé sur une clôture de bois devant le marais permanent
Philippe Brodeur, biologiste au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, est à la halte de la Société d'Aménagement Récréatif pour la Conservation de l'Environnement du Lac Saint-Pierre devant un marais permanent aménagé par Canards Illimités.

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Le segment 8 est inondé au printemps lors de la crue du fleuve. La sauvagine l'utilise alors comme halte migratoire et les poissons s'y reproduisent. À la fin-mai, un abaissement du niveau d'eau est effectué pour évacuer la production de poissons vers le lac Saint-Pierre. La station de pompage permet d'alimenter le segment 8 en eau au cours de l'été pour y maintenir des marais.

Station de pompage dans la plaine inondable au sud du lac Saint-Pierre

On observe ici un canal d'amenée d'eau vers la station de pompage. Ce canal sert à aller chercher l'eau du fleuve au niveau du lac Saint-Pierre pour ensuite l'acheminer jusqu'à l'aménagement dédié à la reproduction des poissons, de la sauvagine et des amphibiens.

Certains de ces aménagements visent particulièrement à offrir un lieu de reproduction et d'alevinage pour la perchaude, une espèce de poisson en déclin dans la région du lac Saint-Pierre. Afin d'évaluer leur utilisation par les poissons, différents travaux de suivi et de recherche y sont réalisés : récoltes d'oeufs et de larves; évaluation de la croissance et de la survie des juvéniles. Des travaux sont également dédiés à l'évaluation de la qualité de l'eau et des herbiers aquatiques dans ce secteur.

La perchaude est vue comme le symbole de la détérioration de l'écosystème du lac Saint-Pierre et le retour à la production régulière de jeunes individus pouvant soutenir de manière durable la population de perchaudes sera donc l'un des indices importants de l'amélioration de l'état de santé du lac. L'intensification des mesures de conservation et la restauration des habitats du lac Saint-Pierre, de sa plaine inondable et de ses principaux tributaires est donc nécessaire.

Canal d'amenée d'eau dans la plaine inondable au sud du lac Saint-Pierre

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