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Le lac Saint-Pierre

Entrevue filmée

Capitaine Michel Fortin, président de la Corporation des Pilotes du Saint-Laurent Central

Pour en savoir plus : Corporation des Pilotes du Saint-Laurent Central

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ENTREVUE
(9 minutes 32 secondes)

ENTREVUE DE MICHEL FORTIN

Alors, je suis Michel Fortin. Je suis pilote entre Trois-Rivières et Montréal. Je suis également président de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent central. Je représente les pilotes entre Québec et Montréal.

On est 110 pilotes et notre mandat c'est d'assurer le transit sécuritaire et efficace des navires entre Québec et Montréal. Pour devenir pilote, il faut tout d'abord avoir une expérience en mer. Il faut détenir un certificat, ce qu'on appelle un certificat de capacité et on demande un certificat de capacité de capitaine. Et une fois que ces gens-là sont sélectionnés, là débute un processus de deux ans comme apprenti pilote. Alors l'apprenti pilote va faire des voyages avec le pilote et là, il va avoir vraiment une formation très précise pour le secteur auquel il est embauché. À la suite de ces deux années-là, il doit passer devant un jury d'examen. C'est un processus qui est très rigoureux. Puis, une fois que l'apprenti pilote a passé l'examen, alors là, il peut obtenir un premier brevet de pilote et débuter sa carrière comme pilote. Alors, lorsqu'on obtient un premier brevet de pilote, on n'a pas accès nécessairement à tous les navires. Le premier brevet de pilote, qu'on va appeler un brevet de classe C, va nous permettre de faire des bateaux jusqu'à 165 mètres, et ainsi de suite, jusqu'à temps qu'on obtienne au bout de cinq ans, un brevet de pilote de classe A. Le processus complet au pilotage, c'est sept années.

On est là pour assurer la navigation, on est là pour s'assurer que le navire va transiter de façon sécuritaire. Et également, un de nos premiers mandats c'est l'intérêt public. Vous comprenez qu'on ne peut pas se permettre que des incidents maritimes se produisent sur le Saint-Laurent. Le Saint-Laurent, c'est un des fleuves les plus difficiles à naviguer à travers la planète. Il a son lot de défis. On a les quatre saisons. On a la navigation hivernale. Alors ça, c'est notre premier mandat, c'est vraiment de s'assurer la sécurité à la navigation.

L'important, c'est toujours d'avoir des connaissances locales. Souvent, ce sont ces connaissances locales-là qui ne figurent pas nécessairement sur la carte marine. Le pilote est... Nous, on travaille avec des clochers d'église. On travaille des fois avec des maisons qui sont sur le Saint-Laurent qu'on a identifiées. On va travailler, exemple... Maintenant, on a vu l'apparition au cours des 15, 20 dernières années de beaucoup de tours de cellulaires. On va les utiliser comme aides à la navigation. Ça ne figure pas sur les cartes marines. On va se servir de ça pour notre pilotage en plus, également, des instruments qu'on a. On a les radars de la marine. Maintenant depuis, on pourrait dire, une dizaine d'années, la navigation électronique est quand même implantée. Chaque pilote embarque sur le navire avec sa carte électronique. La carte électronique va fournir de l'information plus précise et, surtout, plus en temps réel au pilote pour qu'il puisse être en mesure de prendre de meilleures décisions. L'effet de ça, c'est qu'aujourd'hui on peut permettre le transit de beaucoup de navires beaucoup plus gros. Alors, le développement de la technologie a permis de faire plus, tout en maintenant le même niveau de sécurité sur le Saint-Laurent.

Premièrement, le lac Saint-Pierre ça a une particularité. Si on regarde le lac Saint-Pierre à vol d'oiseau, c'est une grande étendue d'eau. Par contre, c'est un lac très peu profond. Alors, souvent on va dire qu'il y a beaucoup de place pour naviguer au niveau de la navigation commerciale, mais ce n'est pas du tout le cas. Le lac Saint-Pierre, si on remonte aux années 1800, on a commencé à draguer le lac et à vouloir agrandir le chenal maritime pour permettre la venue de plus gros navires. Alors ça, ça a été un défi assez important pour le lac Saint-Pierre et il fallait trouver de quelle façon on était pour établir le trajet. Parce que, c'est bien beau de draguer un chenal mais, par la suite, il faut l'entretenir. Ce qu'on veut faire, c'est qu'on veut faire le moins possible d'entretien parce qu'il y a de l'ensablement qui se fait, parce que le lac Saint-Pierre, c'est plutôt une zone où il y a beaucoup de sable. Alors, il y a eu beaucoup d'études dans les années 1800 et on est arrivé avec un trajet sur le lac Saint-Pierre qui n'est pas nécessairement un trajet rectiligne si on part de Sainte-Anne-de-Sorel pour se rendre à Trois-Rivières. Alors si on regarde sur la carte, on peut voir que le trajet qui a été dessiné et configuré, ce n'est pas nécessairement un trajet en ligne droite. Alors, le chenal maritime aujourd'hui sur le lac Saint-Pierre, la Garde côtière nous garantit un niveau d'eau de 11,3 mètres. Bien sûr, en utilisant le niveau de référence qui est le zéro des cartes. Alors, si on regarde sur la carte marine, tout ce qu'on voit c'est vraiment un chenal qui a 245 mètres de largeur qui est entretenu à 11,3 mètres. Le reste, c'est une étendue d'eau qui est à zone très peu profonde. Donc, on ne peut pas utiliser cette zone-là pour la navigation commerciale sur le Saint-Laurent. Les navires qui vont aller en amont du pont de Québec, de la ville de Québec, on parle dépendamment des années de 5000 à 6000 transits de navires. Alors, c'est quand même une activité commerciale qui est très importante. Puis, c'est une voie de navigation vraiment importante ici qu'on a sur le Saint-Laurent.

Le lac Saint-Pierre, premièrement, il a son lot de défis. Puis, si on parle, par exemple, en période hivernale, le lac va geler. Le défi, c'est de maintenir un chenal libre de glace pour favoriser la navigation l'hiver et pour favoriser un meilleur transit des navires. La gestion du lac Saint-Pierre se fait à l'aide de plusieurs éléments. Il y a plusieurs années, quand le Port de Montréal a commencé à être ouvert à l'année longue, la Garde côtière s'est beaucoup penchée sur comment est-ce qu'on pouvait maintenir le chenal de navigation libre de glace pendant la période hivernale. Alors, il y a des infrastructures artificielles qui ont été installées sur le lac Saint-Pierre, notamment au niveau des îlots artificiels. Ces îlots-là vont favoriser le maintien de la batture l'hiver. Alors nous, comme pilotes sur le Saint-Laurent, ce qu'on fait, c'est qu'on va réduire la vitesse de transit des navires. Pourquoi? Parce qu'on veut favoriser le couvert de glace. On veut que le couvert de glace s'épaississe le plus rapidement et devienne stable. Quand le couvert de glace est stable, ça augmente un peu le courant dans le chenal et ça aide à maintenir le chenal de navigation libre de glace. Avec les années, on s'est doté aussi de d'autres outils. On a eu aussi également l'installation de ce qu'on appelle une estacade à glace du côté nord du lac, vers le bas du lac. Ça aide également à maintenir et à stabiliser la batture du côté nord. On fait également, l'hiver, une surveillance étroite des glaces et de la batture de glace sur le lac Saint-Pierre. Alors, la Garde côtière a des outils, notamment, on a trois caméras qui sont installées sur le lac Saint-Pierre. On est en mesure de visualiser qu'est-ce qui se passe sur le lac Saint-Pierre, 24 heures par jour.

Lorsqu'on arrive au printemps, eh bien là, c'est la période du dégel. Alors là, la Garde côtière va débuter habituellement vers le 1er mars à l'aide de l'aéroglisseur, ils vont commencer un déglaçage dans le bas du lac Saint-Pierre.

La navigation l'été ce n'est pas la même chose que la navigation l'hiver. L'été, le lac Saint-Pierre c'est un endroit où il y a beaucoup de plaisanciers. Il y a beaucoup d'activités de pêche sportive. Il y a un peu de pêche commerciale. Et puis, c'est important que l'activité de plaisance et l'activité de pêche soient bien au fait de nos limites de manoeuvrabilité. Et puis, ça, là-dessus, on a fait beaucoup de travail au cours des dernières années de prévention pour éviter qu'il arrive des accidents. Et également, nous ce qu'on dit c'est que le chenal n'appartient pas uniquement au trafic commercial. Il y a des règles de route qui sont précises. Nous, on dit : « Partageons le chenal, mais faisons-le de façon sécuritaire. »

Au niveau de l'archipel, depuis le début des années 2000, il y avait des préoccupations au niveau de l'érosion des berges. Faut comprendre que l'érosion des berges, ça peut être causé par différents facteurs. Ce qui est arrivé, c'est qu'au début des années 2000, il y a des vitesses volontaires qui ont été implantées pour certains secteurs du Saint-Laurent, notamment le secteur entre l'Île aux Raisins et le quai de Sainte-Anne-de-Sorel. Alors nous, quand on va transiger avec nos navires, on va s'assurer que notre vitesse n'excède pas une vitesse de 12 noeuds sur l'eau. Alors ça, ça contribue à préserver les berges et à minimiser l'érosion des berges. Des fois, on arrive et on est dans des périodes de niveaux d'eau qui sont plus élevés que la normale, on va même réduire notre vitesse encore plus pour prévenir l'érosion des berges.

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