Le lac Saint-Pierre
Au début du XVIIIe siècle, des Abénakis sont venus s'installer sur le bord de la rivière Saint-François pour former la communauté d'Odanak. Ce peuple subsistait grâce à la chasse, la pêche, la cueillette de petits fruits et l'agriculture. Les femmes et les hommes participaient activement à la confection de paniers tressés en frêne et en foin d'odeur. De nos jours, les Abénakis plus âgés sont fiers de transmettre les secrets de cette activité traditionnelle aux plus jeunes afin que se perpétue l'art de la vannerie.
Pour en savoir plus: Exposition virtuelle « La vannerie abénakise:d'hier à aujourd'hui »
La première étape consiste à retirer l'écorce de l'arbre abattu. Puis, les hommes détachent les éclisses en frappant le tronc avec le dos de leurs haches. Le frêne noir est l'espèce recherchée car c'est le seul arbre qui, lorsqu'il est battu, permet de séparer les différents anneaux de croissance. Le tronc doit être humide pour être plus souple afin de ne pas craquer.
Une fois les anneaux séparés les uns des autres, on emploie la « fendeuse » pour diviser les éclisses. Par la suite, on affine les éclisses graduellement à l'aide de divers instruments. Ainsi, on les racle pour améliorer leur finition en les rendant plus minces, plus douces et plus flexibles sans toutefois altérer leur résistance.
Les Abénakis ont longtemps fabriqué des paniers dans un but purement utilitaire. Vers 1870, c'est devenu une véritable industrie qui se prolongea ensuite pendant sept décennies.
De la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1940, les familles abénakises partaient vendre leur production de paniers dans des lieux de villégiature aux États-Unis. Les nombreux touristes fréquentant ces endroits représentaient une clientèle fort intéressante qui leur procurait des revenus substantiels. La venue du plastique après la Seconde Guerre mondiale aura un impact très négatif sur la vente des paniers en frêne.
Annette Nolett enseigne à ses deux petites-filles les rudiments de la vannerie abénakise. Cette grand-mère attentionnée examine avec intérêt l'évolution de leur travail.
Il est nécessaire d'humidifier légèrement les minces rubans de frêne afin de les rendre plus souples et ainsi plus faciles à manier lors de la confection du panier.
Les rubans et les fils de frêne sont teints en une variété de couleurs; ce qui procure une touche plus fantaisiste aux objets confectionnés. Les fils de frêne plus fins servent à lier entre eux les rubans plus épais.
On commence par la base puis on tisse les rubans de frêne jusqu'au haut du panier.
Chaque vannière a son style, sa façon d'orner ses créations. Annette aime bien ajouter des tresses de foin d'odeur à ses créations. Sa petite-fille, Angelica, ajoute souvent un élément évoquant la nature: fleur, papillon, libellule.
Une poignée tressée en foin d'odeur et des pointes en relief ornent certains paniers. Ces pointes évoquent les épines de porc-épic. Pour obtenir ces formes, on retourne le ruban d'éclisse sur lui-même.
Les vannières utilisent des rouleaux d'éclisses de frêne de différentes largeurs, des moules de toutes sortes, des outils et du foin d'odeur pour réaliser leurs créations.
Angelica Duane mentionne que c'est pour se rapprocher de sa grand-mère qu'elle s'est mise plus sérieusement à pratiquer la vannerie depuis quelques années. Le partage de cette tradition entre Annette Nolett et ses deux petites-filles contribuera sûrement à perpétuer l'usage de cet art ancestral dans la communauté abénakise d'Odanak.
La production de paniers de toutes dimensions et de formes variées est la plus abondante, mais les vannières s'amusent aussi à confectionner des signets et même des porte-épingles dont la base est en frêne.
On voit sur cette photo des jauges déposées sur des moules. La lame d'une jauge aide à diviser l'éclisse en lanières plus fines. Les moules donnent la forme aux paniers. Ces outils, de fabrication artisanale, ont été inventés par les autochtones d'Amérique du Nord.
De nos jours, les créations de vannerie abénakise sont considérées comme de vraies œuvres d'art et sont recherchées par les collectionneurs.