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L'archipel

Entrevue filmée

Michel Lavallée, un résidant de l'Île d'Embarras

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ENTREVUE
(6 minutes 03 secondes)

ENTREVUE DE MICHEL LAVALLÉE

Je m'appelle Michel et je vous emmène, les gens du Biophare, faire une randonnée avec mon bateau. Combien de temps ça va durer? Je ne le sais pas. Mais ça... Il faut que je vous dise que c'est un bateau dont j'ai acheté la carcasse, mais le restant c'est tout moi qui l'ai fait. Alors, on va partir avec ça et ça va bien aller.

On a acheté la maison en 2002, mais on est arrivé en 2000. On a loué deux ans. Le bonhomme ne voulait pas nous la vendre du tout. Alors, on a insisté. On a insisté. Je suis allé voir la bonne femme et puis, je lui ai offert quelque chose. Elle a dit non. Mais, à un moment donné, elle a dit : « Monsieur Lavallée, on s'arrange-tu pour tant? » J'ai dit : « Bien oui. » Depuis ce temps-là que j'ai ça et puis il n'y a pas de prix. Aujourd'hui, il n'y a pas de prix pour me faire partir d'ici. On ne se voit pas dans un quatre et demi au centre-ville, vu que c'est tellement grand ici et qu'il y a tant d'espace. C'est comme en dehors du temps. Quand on est en ville, soit pour travailler ou pour des commissions, je demande souvent à ma blonde : « Qu'est-ce qu'on fait? » Elle dit : « On s'en va chez nous. On s'en va chez nous. » Alors, on repart. On s'en vient tout de suite ici. On a tout le temps de quoi à faire et quelque chose qui est le fun à faire.

Je suis venu au monde à Sorel, dans le centre-ville même. Après ça, on est resté dans le petit fort à mélasse, qu'ils l'appelaient, pas loin des petits frères franciscains-là. Alors, c'est ça, mon père a eu une embarcation. Il a eu un chalet juste ici à côté. On a eu notre chalet là. J'avais à peu près un an quand on venait ici. Après ça, en ville j'avais mes chums qui avaient des yachts et puis, c'est là que ça a commencé. Le dimanche, la fin de semaine, on venait faire notre tour dans les îles. On venait se promener. Je passais mon temps ici. Je passais mon temps ici. On avait hâte de finir l'école le vendredi pour s'en venir aux îles avec la petite chaloupe et le petit moteur.

La plage du « Survenant », c'était sur l'Île de Grâce ça. Et puis, le monde se ramassait tous là et puis, c'était le fun. Et puis, les gros bateaux... Il y avait des « steamers » dans ce temps-là avec la cheminée dans le milieu. Quand on en voyait venir un, on se criait : « Il y a un bateau qui s'en vient! Il y a un bateau qui s'en vient! » Pour sauter les vagues, pour jouer dans l'eau. Tout ça...

Quand on a vieilli un peu, qu'on pouvait se déplacer sans nos parents, on allait au banc de sable. On pouvait faire des folies un peu plus qu'avec les parents. Mon père, je me souviens, avait une petite embarcation là. On était un, deux, trois, quatre, cinq... On était six enfants avec ma mère. On partait et on s'en allait à la plage. On déroulait la nappe et c'était le pique-nique.

Souvent quand j'emmène des personnes faire un tour en bateau de même, quand on arrive ici j'arrête tout comme ça. « Qu'est-ce que tu fais? » Je lui dis : « Écoute ça. » C'est effrayant hein! Oh! Oh! Oh! Oh! Tu parles d'une affaire toi! Oh bien! Ça parle au « coaltar »! Un petit! Il est tout petit. Alors, on va le remettre à l'eau. On va aller le faire grossir un peu. J'aurais pu te le montrer un peu avant. Tu l'as bien vu? On va aller en chercher un autre plus gros.

On en profite. Hey! Lui c'est un beau. Oh oui! Lui, c'est un beau. Ah! Ah! Ah! Faut pas mettre ça sur la caméra, ils vont savoir mon spot. Tiens. Lui, c'est un gourmand. Il a pogné la grosse. D'habitude, il pogne le trépied ici. Là, il a pogné la grosse. Vois-tu? Tiens. Pas pire hein! C'est un doré noir. Les jaunes ont comme une petite ligne blanche ici au bout de la queue comme ça. Là, si on pêche encore, on va le garder. Tout d'un coup, j'en pogne encore cinq. Je vais avoir pogné mon quota. Je vais avoir mon repas. Non, je le remets à l'eau.

Nous autres avec mon père, on y a été souvent à la grenouille sur l'Île du Moine. On remplissait des chaudières, des chaudières pleines de grenouilles. C'était bon en « coaltar » des cuisses de grenouilles. Ce n'était pas comme les ouaouarons, comme il y a dans les restaurants aujourd'hui.

Mon premier « Ti-Tannik », lui il m'a promené pendant dix ans de temps. Et quand j'ai eu l'autre bateau après, souvent on me demandait : « Qu'est-ce que tu vas faire avec? » « Est-ce qu'elle va être à vendre ta chaloupe? » « Non, je vais faire une belle grosse boîte à fleurs avec. » Ça fait que c'est ça qui est ma boîte à fleurs aujourd'hui.

Les érosions du printemps ça amène toute cette belle terre-là. On ne sait jamais ce qui va pousser ici, si ça va être des joncs, ou si ça va être du liard, de ces plantes-là. Ça diffère à tous les ans.

Je te dirais que les quatre saisons sont belles. Les quatre saisons ici, il y a toujours quelque chose à faire. Le temps passe vite et c'est beau. Tout est particulier. Faut savoir regarder les choses. C'est ça que le monde ne prend pas le temps de regarder.

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